Le Nutella s’invite à la table du Conseil européen

Le Nutella s’invite à la table du Conseil européen
Bratislava, Budapest ou Bucarest sont persuadées que le fabriquant de la célébrissime pâte à tartiner vend à ses citoyens, sous un emballage pourtant identique, un produit de qualité dégradée. Même les médias étrangers s'intéressent au phénomène, comme la presse française. Le quotidien Le Monde et son correspondant permanent à Bruxelles, Cécile Ducourtieux consacre un article sur ce sujet. Compte rendu de lecture:

Tous les conseils européens recèlent leurs lots de surprises. En mars 2016, en pleine crise migratoire, ce sont les protections hygiéniques féminines qui s'étaient invitées à la table des dirigeants de l'Union. Au conseil européen du jeudi 9 mars, c'est le Nutella qui s'est discrètement ajouté au menu des 28 chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Bruxelles pour plancher sur un sujet beaucoup moins suave : le futur de l'Union européenne (UE). Une grosse poignée de pays de l'Est (7 ou 8), emmenés par les membres du groupe de Visegrad (la Hongrie, la République tchèque, la Pologne et la Slovaquie), a convaincu les autres Etats que leurs préoccupations concernant la pâte à tartiner devaient être mentionnées dans leur communiqué commun.

« Poubelles européennes »
L'affaire est partie de Slovaquie, où le ministère de l'agriculture a présenté en février des résultats d'analyses en laboratoire montrant que la moitié de 22 produits achetés à Bratislava, la capitale du pays, différaient en goût, en apparence et en composition de leurs équivalents achetés dans des villes autrichiennes, distantes d'à peine quelques kilomètres. Le ministre tchèque de l'agriculture, Marian Jurecka, a déclaré que les gens étaient fatigués d'être des « poubelles européennes ». « Ces pratiques sont humiliantes et créent deux catégories de citoyens dans l'Union », a dénoncé le premier ministre slovaque, Robert Fico. Fantasme ou réalité ? A priori, rien n'est illégal : les fabricants peuvent utiliser les ingrédients qu'ils souhaitent ou les différencier selon les marchés, à condition de respecter les normes sanitaires de l'UE, et de préciser ces ingrédients sur l'emballage. Interrogée par le site d'information Politico, Florence Ranson, la porte-parole du lobby des géants de l'agroalimentaire FoodDrinkEurope, a réfuté les accusations de fabrication « de produits de marque seconde zone », précisant que « les sociétés tiennent compte des goûts des consommateurs dans chaque pays ». « La dernière chose dont l'Union a besoin, c'est d'une agence de surveillance du Nutella », a lancé Christian Schmidt, le ministre allemand de l'agriculture. Mais Bruxelles a quand même pris le sujet au sérieux.

Source: Journal Le Monde



Jean-Daniel Angibaud Foto: TASR

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