Tchèques et Slovaques : des mentalités austro-hongroises

Tchèques et Slovaques : des mentalités austro-hongroises

Les Tchèques et les Slovaques ont deux mentalités politiques différentes, qu'ils ont héritées du temps de la monarchie des Habsbourg. Explications de Roman Joch, directeur de l'Institut citoyen de Prague et ancien conseiller du Premier ministre tchèque Peter Nečas.

« La Tchéquie copie la partie autrichienne de l'Empire austro-hongrois et la Slovaquie, la partie hongroise. Dans la partie autrichienne, la tradition a établi des parlements forts et des Premiers ministres faibles. »

Au contraire, le parlement du royaume de Hongrie admettait qu'à la tête du gouvernement se trouve l'homme fort du pays. Selon Joch, cet héritage de la culture de la monarchie hongroise se retrouve en Slovaquie à travers les Premiers ministres forts Vladimír Mečiar, Mikuláš Dzurinda et Robert Fico.

Le mythe du référendum

Les Tchèques et les Slovaques sont désormais satisfaits que l'Etat commun ait été divisé, même si le sentiment subsiste qu'un référendum aurait dû décider de cette question fondamentale il y a 25 ans, ce que confirment les études. L'idée de la nécessité d'un référendum relève plus selon Joch du mystique que du rationnel.

Il relève également que si les Slovaques comprennent toujours bien le tchèque, la jeune génération tchèque a quant à elle des difficultés à comprendre le slovaque, une tendance irréversible selon lui.

« En pratique, il n'y a pas de films en slovaque en République tchèque, et de nombreux films slovaques sont doublés en tchèque, ce qui est pour moi un crime. »

Vladimír Mečiar, président du gouvernement slovaque à l'époque du divorce de velours, a récemment qualifié de succès l'histoire de l'indépendance de la Slovaquie. Pour Joch, ce succès commence justement après l'écartement définitif de Meciar du pouvoir en 1998, et il faut attribuer ce succès aux gouvernements suivants, pas à Meciar, allant même jusqu'à dire que l'histoire de la démocratie moderne de la Slovaque commence réellement en 1998, alors que celle de la Tchéquie débute dès novembre 1989. Il rappelle en passant que sous le gouvernement Meciar, la Slovaquie avait peu de chances de rentrer dans l'OTAN et l'UE.

« Je pense qu'au début, la situation économique et politique était meilleure en République tchèque, c'est actuellement exactement l'inverse », compare Joch et de poursuivre : « Pour ce qui est du niveau de vie, la Tchéquie est un peu mieux lotie, mais la Slovaquie se rapproche. »

Alors que la Slovaquie adoptait l'euro en 2009, la République tchèque a conservé sa monnaie nationale. Selon Joch, cet aspect n'est pas déterminant, c'est une politique fiscale sensée qui est importante, ce que les deux pays ont bon an, mal an.

Si lors de la division entre les blocs de l'Ouest et de l'Est, les deux pays étaient étiquetés comme d'Europe de l'Est, ils ont été ensuite situés au Centre. « Et après la récession de 2008, nous appartenons désormais à l'Europe du nord qui est fiscalement responsable, au contraire de l'Europe du sud. » Les deux pays ont actuellement une meilleure réputation politique que les deux autres partenaires du V4, la Pologne et la Hongrie.

tasr


Jacques Hoflack, Foto: SITA

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