Les Slovaques sont accablés, sous choc, et de tous les coins du monde on enregistre des réactions de stupéfaction. Dans toutes les grandes villes slovaques, hier soir, des manifestations de solidarité se sont déroulées, les gens allumaient les bougies à la mémoire du jeune couple assassiné. Les corps du journaliste et de sa compagne Martina Kušnirová ont été découverts dans leur maison à Veľká Mača, à environ 65 kilomètres à l'est de Bratislava. Ján Kuciak a été tué d'une balle dans la poitrine alors que son amie a été touchée à la tête.
L'organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières et l'Institut International de la Presse ont fermement condamné le meurtre et demandé aux autorités de « faire toute la lumière sur cette affaire ».
« Si la mort du journaliste d'investigation Jan Kuciak s'avère liée à son travail, il s'agirait d'une attaque sans précédent contre la liberté de la presse et contre la démocratie en Slovaquie », a souligné le Premier ministre, Robert Fico.
Plusieurs médias de renommée mondiale (Guardian, Deutsche Welle, Politico) ont mis la nouvelle du meurtre du journaliste slovaque à la une.
The Guardian attire l'attention sur le fait que le jeune journaliste se consacrait surtout à la fraude fiscale et à la corruption de haut niveau.
Le secrétaire général de la Fédération Internationale des Journalistes Anthony Bellanger parle du caractère dévastateur de l'attaque contre la liberté de la presse. Ce joint à lui également le président de la Fédération Européenne des Journalistes Mogens Blicher Bjerregård. Nous le citons : « Je suis profondément touché par cette triste nouvelle qui apparaît seulement quelques mois après le meurtre de la journaliste maltaise. Si la relation entre son travail et sa mort s'avère véridique, ce sera un signal très inquiétant pour le journalisme au sein de l'UE ».
L'ensemble de la scène politique slovaque, aussi bien les représentants des partis de la majorité que ceux de l'opposition, se dit horrifié par cet évènement du jamais vu en Slovaquie depuis sa création en 1993.
L'ambassadeur de France en Slovaquie Christophe Léonzi s'associe également à la condamnation de ce crime. « Nous sommes consternés par leur mort violente ».
« L'UE ne peut pas accepter qu'un journaliste soit tué pour avoir fait son travail », a écrit le président du Parlement européen Antonio Tajani sur son compte Twitter.
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, s'est dit choqué par « cet acte lâche ». « Des meurtres ou l'intimidation des journalistes n'ont pas leur place en Europe, ni dans aucune démocratie ».Choqué et attristé est également l'ambassadeur des États-Unis en Slovaquie Adam Sterling. « Dans les sociétés démocratiques ouvertes, la liberté et sécurité des journalistes doivent être assurés », a-t-il déclaré.
Tom Nicholson, journaliste d'investigation canadien installé à Bratislava, a indiqué aux médias locaux que Jan Kuciak travaillait récemment sur des fraudes sur fonds structurels européens organisées par la mafia italienne dans l'est de la Slovaquie.
« Nous marchons en souvenir de Ján Kuciak et sa fiancée ». Sous ce titre se déroulera une manifestation le 2 mars à Bratislava.
