Vous voulez bien nous suivre, sur les bords du Danube, dans la ville frontalière de Komarno, second port slovaque sur le Danube et chantier naval important. En face d'elle, sur l'autre rive du Danube, se dresse sa sœur jumelle hongroise Komarom, avec qui, à l'époque de l'Empire Austro-Hongrois et jusqu'en 1918, elle ne formait qu'une seule et même ville. Elle est située à mi-chemin, environ 100 km, des deux capitales : Bratislava pour la Slovaquie et Budapest pour la Hongrie.
Komarno est une très, très vielle cité. C'est en même temps un endroit stratégique au confluent de la rivière Vah, la plus longue de Slovaquie, avec le Danube. Elle a de tous temps constitué l'une des bases du système de défense et il est plus que probable que les Romains y ont établi la première forteresse qui ait existé.
Cependant, les premières mentions écrites de la ville qui parlent d'une forteresse datant de l'époque du roi hongrois Bela IV, c'est à dire vers l'année 1240, au 13ème siècle. Ces écrits mentionnent l'existence d'une ville dénommée Komarom et de son château construit probablement au 10ème siècle.
Au 13ème siècle, Komarom se voit attribuer par le roi Charles Robert d'Anjou les privilèges de ville. Ils ont été définis en statut de ville royale libre beaucoup plus tard, en 1745. La ville a connu son plus grand essor sous le règne du roi Mathias Corvin, dans la seconde moitié du 15ème siècle.
Après la défaite des armées hongroises face aux Turcs, lors de la bataille de Mohacs en 1526, le roi Ferdinand 1er a décidé de faire de la ville sa principale place forte sur le Danube, pour résister aux invasions étrangères. Pour ce faire, il a fait appel aux ingénieurs militaires italiens qui ont édifié une forteresse en style Renaissance en forme de pentagone allongé, entre 1546 et 1557.
En 1594, la ville était entièrement détruite par un incendie alors que les armées ottomanes l'assiégeaient. En 1663, c'est au tour du roi Léopold 1er de faire construire une nouvelle forteresse, copiant les plans de l'ancienne, séparée d'elle par des douves. Progressivement, la ville connaissait une extension vers l'Ouest.
Dans la seconde moitié du 18ème siècle se produisirent 3 tremblements de terre, en 1763, 1765 et 1783, qui ont endommagé la forteresse. Parallèlement, les incursions des armées napoléoniennes à une période où la ville connaissait son plein épanouissement économique, conduisaient le roi François 1er et la cour impériale d'Autriche à faire construire une nouvelle forteresse de défense, en étoile avec des bastions, et des terrasses. En 1809, elle était la plus importante de la monarchie austro-hongroise, dont l'accès ne pouvait s'effectuer que par deux portes.
C'est à Komarno qu'est née en 1870 le compositeur célèbre auteur de la Veuve Joyeuse et du Pays du sourire, Frantz ou Ferenc Lehar, auquel est consacré un musée.
Aujourd'hui, la ville compte environ 37 mille habitants, dont les deux tiers sont Hongrois. Ceci explique que toutes les inscriptions, les panneaux de signalisation et d'indications sont en langue hongroise et slovaque.
Que voir à Komarno ? Au cœur de la cité, la Place de l'Europe, inspirée de l'architecture des différentes capitales européennes. Le musée Franz Lehar dans la vieille ville rue Palatinova. L'Eglise Saint André dans la même rue de style baroque construite entre 1748 et 1756 incendiée en 1848 et restaurée. D'autres églises ou temples, tels ceux de l'Eglise protestante réformiste et celle de la confession d'Augbsbourg. L'Eglise catholique Sainte Rosalie. La place du général Klpaka, avec au centre la statue de l'officier brandissant son sabre et ayant à ses pieds un lion assis tenant dans ses pattes un drapeau. Ce général a dirigé l'insurrection hongroise contre les Habsbourg en 1848. Sur la place se trouve aussi une statue de la sainte Trinité, dressée en 1715 à l'occasion d'une meurtrière épidémie de peste qui a sévi pendant deux ans. A pas manquer, la façade de l'Hôtel de ville datant de 1875, construit en style renaissance avec en son milieu une tour.
Les fortifications anciennes et nouvelles constituent des points d'attraction. Dans la nouvelle forteresse achevée en 1833, et due à l'architecte Franz Wymes, qui s'est inspiré des ouvrages des ingénieurs militaires français et italiens, l'on peut lire dans le bastion nord au pied d'une statue, l'inscription suivante « NEC ARTE, NEC MARTE » - « Ni par des stratagèmes ni par la force ».
Au milieu du Danube mais toujours en territoire slovaque se trouve l'île Elisabeth, reliée à Komarno et Komarom par un pont routier. Voilà grosso modo ce que l'on peut dire de Komarno sur le plan touristique, laissant aux visiteurs le soin de découvrir ses différentes facettes au gré de leur inspiration et de leurs goûts.