Les grottes, les cavernes symbolisent l’accès à un monde de secrets, un monde souterrain. Elles sont les plus anciens lieux de culte de l’humanité. Dans les légendes populaires, elles sont surtout habitées par des gnomes, des esprits des montagnes, des dragons gardiens de trésors auxquels l’homme n’a accès qu’après avoir surmonté de nombreux dangers. Dans la symbolique du rêve – du point de vue de la psychanalyse - un sentier qui traverse des cavernes obscures signifie la quête du sens de la vie. Les grottes, les cavernes représentent le monde de la nuit, du silence. Elles évoquent le monde organique féminin. Le sein maternel. Dans la caverne le temps semble ne pas exister, le jour et la nuit se confondent. Pourtant le temps existe, autre, singulier. Il s’écoule au rythme des gouttes d’eau de la grotte.
Les grottes de Slovaquie font partie des nombreux sites naturels touristiques qu’il faut une fois au moins avoir visité. Chacune est en soi un monde merveilleux qui offre pour celui qui ose pousser les portes de l‘inconnu un spectacle unique.
Chaque grotte est le lieu où s‘accomplit une alchimie singulière. Les composants chimiques des corps simples se mélangent. L‘eau, les gaz, les minerais, au contact des uns des autres réagissent, se transforment. Le goutte à goutte des eaux de ruissellement forment des concrétions à la fois fragiles et éternelles. L‘eau travaille les roches, creuse et crée des formes qui se prêtent au jeu de l‘imagination. Des espaces impressionnants souterrains s‘ouvrent derrière une paroie. Les rivières souterraines se gonflent au rythme des pluies, de la fonte des neiges. Elles creusent des gorges, forment des lacs souterrains aux eaux vertes.
On a recensé en Slovaquie près de 4100 grottes, cavernes et gouffres, dont 120 se trouvent sur des sites non calcaire. La plupart de ces grottes, cavernes et gouffres se situent sur le plateau Karstique slovaque, au sud-est de la Slovaquie à la frontière avec la Hongrie, dans les Petites Tatras, en Slovaquie Centrale, principalement dans la région du Paradis slovaque, dans les grandes Fatras, dans les Tatras de l‘Ouest et les Hautes Tatras. Trente de ces grottes et gouffres sont inscrits au patrimoine naturel national slovaque. Le projet slovaque et hongrois – les grottes slovaques sur le plateau karstique - a été retenu par l‘UNESCO. Les grottes d’Ochtinska, de Domica, de Gombasecka font désormais parties depuis 1995 du patrimoine naturel mondial de l‘UNESCO.
Le critère qui a été déterminant pour que ce projet soit par l’UNESCO retenu en décembre 1995 à Berlin, est qu’il existe, concentré sur un espace géographique relativement petit - le plateau karstique slovaque et hongrois - beaucoup de grottes et chacune de nature différente. La grotte de Gombasecka est exceptionnelle par sa décoration de fins chalumeaux de calcaire creux faisant penser à des spaghettis. La grotte d’aragonite de Ochtinska est unique elle, par sa décoration d’aragonite et de cristaux. La grotte de Domica, se singularise par ses concrétions calcaires. Leur nombre et leur spécificité a fait la différence d’avec les autres grottes ayant également posé leur candidature pour être inscrite au catalogue de l’Unesco.
La grotte de Domica est des trois grottes, se trouvant sur le plateau Karstique slovaque, la plus vaste. Elle a été découverte en 1926. Depuis 1932, elle est ouverte au public. Elle s’étend sur une longueur totale de 5 140 m. Mais seulement une partie de la grotte est accessible au public, ce qui représente quand même 1 770 mètres de sa surface totale. Le Styx, rivière souterraine navigable la traverse.
Elle fait partie d’un ensemble complexe de grottes, d’une longueur totale de 22 km qui s’étend jusqu’en Hongrie.
La grotte d’aragonite d’Ochtinska se trouve dans la région de Roznava, dans le sud-est de la Slovaquie. Elle fut découverte par hasard, en 1954, lors de forages géologiques effectués pour le compte de la société minière de l’Est de la Slovaquie. Elle n’a été ouverte au public qu’en 1972 après d’importants travaux d’aménagement.
Elle fait une longueur totale de 300m dont 230 m sont ouverts au public. Les proies sont couvertes de fleurs minérales aux formes les plus excentriques. Des fleurs de cristaux, d’aragonites. Trois générations d’aragonite ont été répertoriées. Les plus anciennes ont perdu leurs formes élancées et audacieuses. Elles sont plus épaisses, blanches. Suspendu au plafond de la grotte, le cœur de la grotte. Une concrétion plus épaisse que les autres ayant la forme d’un cœur humain est devenue le symbole de la grotte. On a daté ces concrétions de la première génération entre 121 000 et 138 000 ans.
Les aragonites de la deuxième génération sont les plus nombreuses. Leur âge est estimé à plus de 14 000 ans. Elles ont des élégances insolentes. De fines spirales s’élancent de leur cœur, s’enroulant autour d’elles-mêmes pour enfin s’immobiliser dans l’espace. Fragiles, éternelles. Elles se cachent dans les infrastructures de la paroi. Insectes ou fleurs minérales, les concrétions en aragonite se prêtent gracieusement au jeu des associations d’idées. Le couloir des hérissons, le jardin d’aragonite par exemple.
La troisième génération d’aragonite sont les plus jeunes en train de se créer sur le plafond de la grotte. Elles forment des constellations d’étoiles minérales brillantes. Nous avançons le regard levé. L’oreille tendue. Chaque grotte a une musique particulière. Elle se présente à nous comme un univers vivant, qui respire, qui évolue. Un univers fragile depuis que l’homme a forcé son entrée. Le nombre de visites fragilise l’équilibre naturel. Si la grotte d’aragonite d’Ochtinska a une capacité d’auto-régénération importante, il n’en demeure pas moins qu’il faut suivre minutieusement les variations climatologiques, grâce à des contrôles réguliers.
La Grotte de Gombasecka se trouve dans la région de Roznava. Elle a été découverte par des spéléologues amateurs en 1951.La grotte de Gombasecka offre une palette de couleurs variées. La couleur rouge et ses dégradés dominent. L’orangé, quelque fois le jaune, l’ocre jaune et le blanc aussi. Le noir et le gris, quelque fois aussi. Ces couleurs proviennent des différents minerais contenus dans les roches. La couleur rouge provient du minerai de fer. L’intensité de la couleur rouge signalera une densité plus ou moins importante de fer. Le calcaire à l’état pur donne la couleur blanche. Le gris, le noir proviennent de l’oxyde de manganèse.
Certains fins chalumeaux qui ornent la grotte de Gombasecka peuvent mesurer jusqu’à deux ou trois mètres de long. Ils retombent comme des rideaux qui se seraient à tout jamais figés. Parfois, ils se terminent par des concrétions qui peuvent faire penser à des petites carottes - comme si leur canal central s’était bouché.
Les grottes ne sont pas seulement visitées pour leur beauté naturelle, elles le sont aussi à des fins thérapeutiques. La spéléothérapie. Traitement par des séances de rééducation respiratoire et de repos dans les grottes. Toutes les grottes grâce à leur condition climatique spécifique offrent un environnement adapté pour soulager - notemment - les enfants qui souffrent de problèmes respiratoires, d’asthme. Le milieu naturel des grottes, la basse température de l’air, un taux relatif élevé d’humidité, la composition chimique de l’air, le magnésium, le calcium, le taux de radio activité négatif et surtout la très grande stérilité de ce milieu, sont des facteurs qui agissent de manière très positive sur les enfants. C’est une forme de sanatorium très naturel qu’aucune forme médicale ne peut remplacer.
Après 10 ans de soins, on a pu constater que parmi les enfants ayant suivi ces traitements, 60% d’entre eux s’étaient complètement rétablis, 30% souffrant d’asthme à un stade avancé ont vu leur état se stabiliser, sans rechutes graves. C’est une méthode thérapeutique naturelle qui reste encore méconnue.
Parmi les curiosités spéléologiques, il y a le gouffre de Silicka Ladica – le gouffre de glace : à quelques kms de la grotte de Gombasecka, il fait partie de cet ensemble complexe souterrain, crée en partie par la rivière noire – Cierny potok.
Il y a très très longtemps, le plafond d’une grotte s’est effondré mettant à nu une immense cavité. Un gouffre de 50 m de long sur 30 m de large et 91 m de profondeur. L’air glacé s’engouffrant dans la gueule béante du gouffre a lentement gelé les eaux de ruissellement. Une épaisse couche de glace s’est formée, formant un véritable mur de glace. Une stalactite de glace retombe devant l’ouverture. Elle résiste au plus forte chaleur de l’été. Une véritable curiosité.
La grotte a une hauteur de 500 m au-dessus du niveau de la mer, et d’après ce que l’on sait aujourd’hui, elle est la grotte la plus basse de toutes les grottes glaciaires. Elle est unique non seulement par la présence d‘une végétation inversée et d’une variété d’insectes très rares, mais également comme lieu d‘importantes découvertes archéologiques. Quand en 1981, la seconde grotte – la maison de l‘archéologie – a été découverte, l‘ouverture faite a entraînée des variations climatologiques. L’air chaud pénétrant dans le gouffre a commencé à détruire l’environnement, c’est pourquoi il y a près de 4 ans, il a été décidé de fermer cette entrée. Le processus de réchauffement de l’air s’est stabilisé mais la formation verticale de la glace régressait. La raison étant le manque d’eau de ruissellement venant alimenter la glace, prise par la végétation. La décision a été alors prise de rendre la nature et le gouffre à son état original, c’est à dire dégagée de la végétation environnante