Posons un regard sur la vie et la création de l’un des plus grands écrivains slovaques du 20ème siècle, Dominik Tatarka. 110 ans se sont écoulées depuis sa naissance le 14 mars 1913 à Plevnik Drienové dans le district de Považská Bystrica. Il est décédé en mai 1989, sans avoir vécu la révolution de velours qui a fait chuter le régime totalitaire.
Dominik Tatarka est l’un des représentants majeurs de la culture et de la littérature slovaque moderne. Nous vous proposons comment l’a caractérisé le critique littéraire Pavol Števček.
«Le symbole et l’acteur important de la dissidence slovaque des années 1970 et 1980, l’exemple moral de l’obstination anticommuniste et de l’insoumission intellectuelle. Certes, avant que Tatarka aboutisse à une attitude aussi résolue contre le système totalitaire, il est passé par quelques phases de développement personnel souvent contradictoires, comme se mettre spontanément, voire passionnément, au service d’un pouvoir, qu’il a vigoureusement aidé, à la fin de sa vie, à faire renverser. » Fin de citation.
L’œuvre de Dominik Tatarka, reflet indirect de sa vie, représente presque tous les avatars du siècle dans cette région de l'Europe centrale. Dans sa jeunesse, il a connu l'espoir avec la jeune démocratie tchécoslovaque, puis il a souffert de la trahison de Munich, s'est battu contre le nazisme, et a fini communiste après la guerre. Mais, abuseur abusé, il a mis vingt ans à percer définitivement l'arbitraire du pouvoir communiste et sa puissance d'aliénation.
Enfin, le refus de l'occupation soviétique l'a conduit à entrer en dissidence personnelle, presque solitaire, dans une Slovaquie communiste, s’accommodant plutôt de son sort. Matériellement voué à la misère, banni des bibliothèques, harcelé par la police politique, il a vécu les dernières années de sa vie dans l'ostracisme intellectuel et la solitude.
Deux romans de Dominik Tatarka ont été traduits en français. Démon súhlasu, Le Démon du consentement, et Prútené kreslá, les Fauteuils en osier sous le titre Une saison à Paris.
rsi