Au lendemain des résultats du 1er tour des élections présidentielles dont nous venons de vous donner les résultats nous avons sélectionné pour vous les commentaires de politologues et responsables politiques slovaques.
Selon le politologue Samuel Abrahám, aucun sondage n’avançait une victoire d'Ivan Korčok au premier tour de l'élection présidentielle. Toutefois pas, même une victoire significative de Peter Pellegrini n'était pas attendue. Au second tour et "sur le papier, Peter Pellegrini devrait l’emporter", présume-t-il soulignant que la plupart des candidats du premier tour étaient d'orientation pro-nationale et critiques à l'égard de l'UE. Il a cependant noté que Ivan Korčok s’y engagerait avec un avantage psychologique en ayant devancé de 100 000 voix supplémentaires son prochain opposant, pourtant donné favori de ce 1er tour dans les sondages. « Il est possible qu’il parvienne à mobiliser sur son nom encore plus d'électeurs, même si le taux de participation au 1er tour a été assez élevé, et il est possible qu'une partie des électeurs de Štefan Harabin ne se déplace pas, car il n'a pas apporté son soutien à Pellegrini tout en déclarant qu’un candidat d’obédience pro-nationale devrait gagner », a déclaré le politologue.
La demande d’un Président aux préférences nationales est très forte. C'est ce qu'a déclaré aux médias le candidat à la présidentielle Štefan Harabin, qui, selon les résultats, a pris la troisième place avec près de 12 % des voix. Le parti Smer-SD, leader de la coalition se prépare à un combat serré auquel il s’attend au second tour, il continue d’apporter pleinement son soutien au candidat du parti Hlas-SD Peter Pellegrini. Le Premier ministre Robert Fico l'a déclaré, affirmant que Peter Pellegrini était une meilleure solution pour la Slovaquie que le candidat sans étiquette Ivan Korčok.
Ivan Korčok, qui a obtenu le plus de voix au premier tour de l'élection présidentielle, considère le résultat d’encourageant. Il est cependant conscient qu'il devra rallier à lui des voix qui ne se sont pas portées sur son nom lors du premier tour. Il souhaite dans cette perspective rencontrer les candidats qui ne se sont pas qualifiés au second tour et négocier avec eux l’apport de leur soutien.
Le premier tour de l'élection présidentielle n'a pas apporté beaucoup de surprise, l'opposition ayant réussi à mobiliser les électeurs dans les villes. C'est ce qu'a déclaré Juraj Marušiak, politologue au sein de l'Académie slovaque des sciences, pour TASR. Il s'attend à une lutte acharnée entre les deux candidats restant en lice lors de la campagne pour le second tour, selon lui le résultat final pourrait être serré.
« Les deux candidats qui se sont qualifiés pour le second tour ne constituent pas une surprise, car les préférences le montraient depuis longtemps. Au fond, tous les autres candidats n'avaient aucune chance d'accéder au second tour », a déclaré le politologue, ajoutant que Štefan Harabin a également « tiré son épingle du jeu ». Il pense qu’Ivan Korčok et l'opposition ont réussi à mobiliser efficacement les électeurs principalement urbains. Il y voit également un lien avec les manifestations contre le gouvernement ou la modification du Code pénal, même si les organisateurs ne l'ont pas explicitement lié au soutien d’Ivan Korčok.
Selon lui, l'avance prise sur son adversaire plaide en faveur d’Ivan Korcok mais Peter Pellegrini peut encore l’emporter grâce à l’apport des voix des électeurs ayant voté au 1er tour en faveur de candidats sortis du jeu. Il est absolument clair que ceux qui ont voté pour Stefan Harabin ne voteront certainement pas pour Ivan Korčok au deuxième tour. C'est donc une source de voix importante.
Selon le politologue Juraj Marušiak, l'engagement accru du Premier ministre et leader du parti Smer-SD, Robert Fico, pourrait nuire à Peter Pellegrini dans la campagne pour le second tour. Il a souligné que même si la combinaison de Hlas-SD et Smer-SD dans la coalition ne se reflète pas encore dans les préférences en faveur du parti Hlas-SD, l'image de Peter Pellegrini d'homme politique dépendant et vassal de Fico se construit aussi grâce à l'opposition.
Selon Marušiak, la participation relativement élevée au premier tour pourrait également être due à la forte polarisation de la société. « Donc, si l'on ne compte pas Stefan Harabin, tous les autres candidats se sont avérés négligeables, le soutien de leurs électeurs était minime », a-t-il déclaré. Il a ajouté qu'avant même le premier tour, la société s'était divisée principalement en deux camps, Korčok et Pellegrini. Ici aussi, selon lui, la mobilisation lors des manifestations et la situation sociale auraient pu jouer un rôle. Il a ajouté que même si Ivan Korčok ne suscite pas de fortes attirances en lui-même, il existe une forte motivation des électeurs de l'opposition.
« Si l'autre parti veut susciter de telles engouements il doit absolument se lancer dans une campagne dans le style 'Harabin' très dure », a souligné Marušiak.
Selon lui, on peut s'attendre au même taux de participation élevé au deuxième tour, à condition que les électeurs du candidat Korčok ne tombent pas dans en léthargie ou n'aient pas le sentiment d'avoir la victoire en poche.