Il n’est pas possible de faire taire le désir à la liberté. C’est ce qu’a souligné sur les réseaux sociaux la Présidente de la République Zuzany Čaputová. Elle a rappelé le 36ème anniversaire de la Manifestation dite des bougies.
Depuis 1993, le 25 mars est institué Jour de lutte pour les droits de l´Homme. La manifestation des bougies représente un tournant important dans l’histoire du régime totalitaire tchécoslovaque, et a ouvert en quelque sorte la porte au courant aboutissantà la révolution de velours en novembre 1989, dont il a marqué les prémices. La Slovaquie commémore ce que les dissidents tchèques ont proclamé à l’époque «l’appel de Bratislava ».
Le 25 mars 1988, place Hviezdoslav au centre de la capitale, des milliers de citoyens, venus de tout le pays, se sont réunis silencieusement, une bougie à la main, afin de manifester pour le respect des droits de l´Homme et la liberté de culte, toute expression bafouée par le pouvoir communiste. L’idée de se soulever contre les autorités communistes mûrissait doucement depuis le début des années 1980. Les croyants organisaient des pèlerinages, des pétitions étaient signées pour réclamer la libération des représentants de la dissidence catholique. Les initiateurs de la démonstration s’inscrivaient dans l´opposition religieuse. Ils ont décidé d’organiser une protestation d’une demi-heure, simple, silencieuse, et en dépit des sirènes mugissantes des fourgons de police circulant alentour elle s’est déroulée bougies à la main, sans qu’aucune allocution ne soit prononcée. Pourquoi des bougies? Explication de l’un des organisateurs de la protestation, František Mikloško.
« Porter les bougies s’est révélé une idée formidable. La bougie est le symbole d’une certaine résurrection, de l’espoir, de la liberté. Une chose est certaine, nous n’avions alors aucune idée de la chute du régime communiste une année plus tard. Dans les années 1950, pour avoir organisé une telle protestation j’aurais été exécuté, dans les années 1980 le régime se montrait plus faible. »
Quelques 2 mille manifestants avaient bravé la pluie et le froid, les matraques et les canons à eau de la police. Cette foule a entonné l´hymne national et l´hymne pontifical, puis les participants se sont mis à prier, malgré les injonctions de la police lancées par des mégaphones exigeant la dispersion des manifestants. Les policiers ont finalement eu recours aux canons à eau. La police a également utilisé des gaz lacrymogènes, des chiens, des matraques. 130 personnes ont été arrêtées. La manifestation a duré de 18h à 18h30.
Cette demi-heure a été comme la première pierre qui a marqué l'effondrement du régime à la fin de 1989. Elle fut la plus grande démonstration civique contre le régime communiste depuis 1968.