Aujourd’hui, le 21 août, la Slovaquie tout comme la République tchèque commémore l’invasion des troupes du Pacte de Varsovie sur le territoire de la Tchécoslovaquie en 1968, conduites principalement par les forces armées soviétiques. Plus de 600 mille militaires, environ 6 mille 300 chars, 2 mille canons et 800 avions ont stoppé l'évolution de la Tchécoslovaquie vers « un socialisme à visage humain » d'Alexander Dubček, personnalité clé du Printemps de Prague et à l'époque Secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque. C'était la plus importante opération militaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle 90 Tchèques et Slovaques ont trouvé la mort sous les balles des occupants. L’occupation de la Tchécoslovaquie a duré plus de 30 ans.
Après des procès politiques et de nombreuses tragédies survenues lors des premières années du gouvernement des communistes dans le pays, les années 1960 correspondent à relâchement progressif du régime. Les espoirs pour un changement de ce dernier ont culminé en janvier 1968. A l’époque, le Slovaque Alexander Dubcek est devenu le chef du parti communiste tchécoslovaque. La radio slovaque dispose dans ses archives de cet enregistrement de l’époque.
« Nous vous avons promis de construire au sein de notre pays une société socialiste à visage humain, qui serait très démocratique, socialement juste, pays au sein duquel nos citoyens décideraient souverainement de leurs destins ».
Les communistes n’ont pas apprécié ce processus de démocratisation qu’ils ont contrecarré non seulement en Union soviétique, mais aussi en Pologne, en Bulgarie, en Hongrie ainsi qu’en Allemagne de l’ouest. Ces derniers estimaient que ce processus de réforme en Tchécoslovaquie était une contrerévolution, une invasion du capitalisme, qui aurait pu aboutir à la sortie du pays du pacte de Varsovie, même si la direction communiste tchécoslovaque n’avait jamais remis en cause le rôle dirigeant du parti communiste sur la société ni son appartenance au bloc de l’est ainsi que de ses structures économiques et militaires.
Après de nombreuses tensions et ultimatums de la part des communistes de l’Union soviétique, la nuit du 20 au 21 aout 1968 est arrivée… Une armée de plus de 500 mille militaires du Pacte de Varsovie a envahi le territoire de la République tchécoslovaque. La réaction à son occupation prit la forme d’une résistance non violente spontanée et massive des citoyens de la république qui sortirent dans les rues pour les remplir.
L’invasion ne s’est pas déroulée sans victimes… Les troupes d’occupation ont tiré sur des foules non armées à plusieurs endroits. Les évènements les plus connus proviennent de Bratislava où le 21 août à midi, une fusillade a éclaté devant le bâtiment de l’Université Comenius sur la place Safarik, où trois personnes y ont trouvé la mort.
Le 21 août 1968 fut synonyme pour les citoyens de la Tchécoslovaquie d’immense tragédie, de profonde déception ainsi que de retour au régime communiste précédent et de normalisation… Peu après, toutes les conquêtes du processus de la démocratisation ont été perdues et un type de régime communiste néostalinien fut à nouveau restauré. Il s’est inscrit dans l’histoire du pays comme l’époque de la normalisation dirigée par Gustav Husak.