Comment les médias étrangers ont-ils accueilli les résultats de ces élections en Slovaquie ? Beaucoup s’interrogent sur la future politique européenne menée par le pays.
Quelles furent les réactions dans les médias ? D’abord sur la campagne électorale, le quotidien français Le Monde juge qu’elle a été « marquée par la désinformation en ligne et qui a donné lieu à plusieurs altercations entre candidats, M. Fico s’en est pris aussi bien à l’Union Européenne et à l’OTAN qu’à la minorité LGBTQ+ ».
Une nouvelle Hongrie ?
Les Echos titrent « En Slovaquie, le camp hostile à l'aide à l'Ukraine vainqueur des élections » puis temporisent : sans majorité absolue, Robert Fico devra toutefois former des alliances pour gouverner. Et le journal français de se demander si la Slovaquie allait devenir une « nouvelle Hongrie », un pays dirigé par un gouvernement conciliant avec la Russie et réticent à aider l'Ukraine. La RTBF se demande si la Slovaquie soutiendrait encore l’Ukraine.
France 24 relativise ces craintes rappelant que Robert Fico s’était empressé de déclarer à l’issue des résultats que l'orientation de la politique étrangère de la Slovaquie ne changerait pas : « Nous sommes naturellement membres de l'UE. Cela ne signifie évidemment pas que je ne peux pas critiquer les choses qui me déplaisent au sein de l'UE », a précisé l’homme politique. Et la chaine française de souligner que de nombreux Slovaques étaient « moins préoccupés par la politique étrangère, dans l'espoir que le nouveau gouvernement se concentrera sur l'économie et se disputera moins que le précédent ».
L’Agence France-Presse (AFP) affirme que le gouvernement formé par Robert Fico pourrait changer radicalement la politique étrangère de la Slovaquie. Le parti de l'ancien Premier ministre Robert Fico a remporté les élections législatives en Slovaquie, mais il ne lui sera pas facile de former une coalition avec une majorité suffisante pour contrôler le parlement, note l'agence allemande DPA en réponse au vote.
Un effet boule de neige ?
Selon l'agence Associated Press (AP), les élections en Slovaquie ont été un test du soutien à l'Ukraine dans sa lutte contre l'invasion russe et la victoire de Fico. L'agence ajoute que cela pourrait menacer l'unité fragile de l'Union européenne et de l'Alliance de l'Atlantique Nord. Selon l’AP, le retour de Robert Fico au pouvoir fait craindre que la Slovaquie puisse s'écarter de sa trajectoire actuelle pour emprunter la voie suivie par la Hongrie sous le gouvernement du Premier ministre Viktor Orbán et, dans une moindre mesure, par la Pologne sous le gouvernement de le parti Droit et Justice (PiS). Selon Reuters, cela signalerait également un nouveau changement dans la région contre le libéralisme politique, mouvement de protestation qui pourrait devenir encore plus fort si le conservateur PiS remporte les élections de ce mois-ci en Pologne.
Budapest félicite ; Prague voit un avertissement
Pour finir, les réactions hongroises et tchèques. Nous avons déjà signalé les félicitations adressées à Robert Fico par le Premier ministre Viktor Orban dans nos actualités. Le ministre des affaires étrangères hongrois Péter Szijjártó lui a emboité le pas. Il a exprimé sa joie concernant les élections législatives en Slovaquie: « Le peuple a pris une décision claire lors d'élections indéniablement démocratiques ». Le chef de la diplomatie hongroise a écrit sur les médias sociaux que les résultats des élections ouvraient la possibilité de développer davantage les relations slovaques-hongroises, rapporte le correspondant de TASR à Budapest. Et d’expliquer.
« Tous les succès qui ont aidé les relations entre les deux pays ces dernières années - comme la construction de ponts ou l'ouverture de postes frontaliers - sont le résultat d'accords conclus avec l'ancien gouvernement de Robert Fico. »
Peter Szijjártó a en outre souligné que Robert Fico envisageait la guerre, la migration et les questions de genre de la même manière que la Hongrie, et que sa victoire offrait une sérieuse chance de renforcer l'alliance du V4.
Passons à Prague. Il est dans l'intérêt de la République tchèque que les chemins de la Slovaquie et de la République tchèque ne divergent pas et que les relations particulièrement très étroites soient maintenues. C’est ce qu’a déclaré le président tchèque Petr Pavel. Le Premier ministre tchèque Petr Fiala estime quant à lui que Prague continuerait à coopérer étroitement avec Bratislava au niveau gouvernemental, dans l'intérêt des deux pays.
Selon le ministre de l'Intérieur Vít Rakušan, le résultat des élections slovaques constitue un avertissement et une leçon pour la République tchèque. Selon lui, si la République tchèque veut préserver la démocratie libérale, il faut en expliquer les bénéfices à ceux qui en profitent peu et aussi créer une société résistante à la peur. Voilà pour cette revue de presse sur les réactions internationales aux élections législatives slovaques.
Tasr, AFP, DPA